Avraham est le premier, dans l’histoire de la Bible, à donner la maaser, (la dîme). Mais dans quel esprit la donna-t-il : « A son retour, le roi de Sedom sort à son abord, dans la vallée de Shavé –c’est la vallée du Roi-, après qu'il eut frappé Kedorla-omer et les rois qui étaient avec lui. Malki-Sèdèq, roi de Shalèm, a fait sortir le pain et le vin, lui, le desservant d’El Elion –l’El le suprême. Il le bénit et dit : Abram est béni par El Elion l’auteur des ciels et de la terre! Et il est béni, El Elion, qui a bouclé tes oppresseurs entre tes mains. Il lui donna la dîme de tout. » (Genèse 14, 17-20).
Le patriarche Avraham donna la dîme de tout son butin de guerre à Malki-Sèdèq, desservant d’Elohîm (430 ans avant la promulgation de la Tora de Moshè) en action de grâce à Elohîm qui lui a donné la victoire sur ses ennemis. Et il fit cela qu’une seule fois, tout le long de sa vie. Quatre cents trente (430) ans plus tard, lorsque les mitsvôt de la Tora furent promulguées, les maaserôt furent établies comme la part des fils de Lévi, selon qu’il est écrit : « Pour les Benéi Lévi, voici, je leur ai donné toutes dîmes en Israël, pour possession, en échange de leur service, de ce qu’ils servent au service de la tente du rendez-vous.» (Nombres 18, 21).
Notons par ailleurs qu’il existe plusieurs types de maaserôt dont un certain nombre fait partie de mitsvôt liées à l’agriculture et ne s’appliquent qu’aux végétaux qui poussent uniquement sur le sol d’Eretz Israël (la terre d’Israël). La mitsva des maaserôt a une double portée : premièrement apprendre à donner et à répandre le bien, à l’image d’YHWH-Adonaï. Et deuxièmement apprendre à recevoir, sinon réussir à voir dans chaque chose que l’on nous donne, tout le bien qu’elle contient, prendre conscience qu’elle ne nous revient pas de droit et être reconnaissant envers son donateur, en l’occurrence YHWH-Adonaï. Ces deux paragraphes extraits du livre des Dévarîm qui suit pourraient davantage vous le démontrer :
« Tu ne pourras pas manger en tes portes la dîme de tes céréales, de ton moût, de ton olivaie, les aînés de tes bovins et de tes ovins, tous tes vœux que tu voues, tes gratifications, le prélèvement de ta main; oui, vous les mangerez en face de YHWH-Adonaï, ton Elohîm, au lieu que YHWH-Adonaï, ton Elohîm, choisira, toi, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, le Lévi qui est en tes portes. Réjouis-toi en face d’YHWH-Adonaï, ton Elohîm, de tout envoi de ta main. Garde-toi d’abandonner le Lévi tous les jours, sur ta glèbe. » (Deutéronome 12, 17-19).
Ou encore :
« Dîme la dîme de toute la récolte de tes semences, qui sort du champ année après année. Mange, en face de THWH-Adonaï, ton Elohîm, sur le lieu qu’il choisira pour y faire résider son nom, la dîme de tes céréales, ton moût, ton olivaie, les aînés de tes bovins, de tes ovins, pour que tu apprennes à frémir de YHWH-Adonaï, ton Elohîm, tous les jours.
Quand la route sera trop longue pour toi, quand tu ne pourras pas le porter, quand le lieu que YHWH-Adonaï choisira pour y mettre son nom sera loin de toi, quand YHWH-Adonaï, ton Elohîm, te bénira, donne l’argent; resserre l’argent dans ta main et va vers le lieu que YHWH-Adonaï, ton Elohîm, aura choisi. Donne ton argent à tout appétit de ton être, contre bovins, ovins, vin et liqueur, tout ce que ton être te demandera. Mange, là, en face d’YHWH-Adonaï, ton Elohîm; tu te réjouiras, toi et ta maison. Le Lévi qui est en tes portes, tu ne l’abandonneras pas, car il n’a ni part ni possession avec toi. Au bout de trois ans, tu feras sortir toute la dîme de ta récolte. Cette année-là, dépose-la dans tes portes. Le Lévi viendra, oui, il n’a ni part ni possession avec toi, et le métèque, l’orphelin, la veuve, qui seront dans tes portes, ils mangeront et se rassasieront, afin que YHWH-Adonaï, ton Elohîm, te bénisse dans toute l’œuvre de tes mains que tu feras. » (Deutéronome 14, 22-29).
Deux faits historiques majeurs viennent entraver la pleine réalisation de cette mitsva. Premièrement le lieu qu’YHWH-Adonaï avait choisi pour y mettre son nom, le Temple de Yeroushalaïm, a été détruit en l’an 70. Deuxièmement, l’ordonnance relative au sacerdoce lévitique, par lequel le peuple a été soumis à la Tora, a été remplacée à cause de sa faiblesse et de son inutilité, par le sacerdoce selon l’ordre de Malki-Sèdèq :
« Si donc la perfection se trouvait dans le sacerdoce des bénéi Lévi, par lequel le peuple a été soumis à la Tora, quel besoin était-il qu'un autre desservant se lève selon l'ordre de Malki-Sèdèq, et non pas selon l'ordre d'Aharôn? Oui, le sacerdoce étant changé, le changement de tora se produit nécessairement. » (Hébreu 7, 11-12).
Un changement de loi qui abroge de facto les avantages et les prérogatives lévitiques, mais qui annule aussi la mitsva des maaserôt des récoltes qui enseignait aux bénéi Israël la joie du partage, et plus loin à être reconnaissant envers YHWH-Adonaï. La mitsva des maaserôt était par ailleurs accompagnée d’une promesse : "afin qu’YHWH-Adonaï, ton Elohîm, te bénisse dans toute l’œuvre de tes mains que tu feras." (Deutéronome 14, 29).
Les Yéhoudîm, dans leur grande majorité, se sont ainsi attachés aux avantages matériels des mitsvôt de la Tora, celles des maaserôt en particulier, négligeant tout ce qui en fait même le dynamisme : « Oïe, vous, Sopherîm et Peroushîm ! Hypocrites ! disait Yéshoua. Vous qui dîmez la menthe, le fenouil, le cumin; mais vous laissez le plus grave de la Tora : la justice, la merci, l'adhérence. Il faut faire ceci, sans laisser cela. » (Matthieu 23, 23).
"Il faut faire ceci, sans laisser cela". Cette instruction était valable pour les Yehoudîm tant que subsistaient le Temple de Yeroushalaïm et le sacerdoce lévitique. Aujourd’hui, force est de constater que les mitsvôt relatives aux maaserôt ne sont plus d’actualité pour nous qui sommes dans le Messie Yéshoua. Dans le B’rit Hadasha, le pacte Neuf en Yéshoua, il n’y a plus de place pour la dîme, d’autant plus que dans la Kéhila, la Communauté messianique, tout est mis en commun, selon qu’il est écrit : « Tous ceux qui adhèrent se réunissent et mettent tout en commun. Ils vendent leurs propriétés, leurs biens et les distribuent à chacun selon ses besoins. » (Actes des apôtres 2, 44-45). Ou encore : « La multitude de ceux qui adhèrent a un seul cœur, un seul être. Personne d’entre eux ne dit de ses biens: « C’est à moi ! » mais tout ce qui est à eux est en commun. » (Actes des apôtres 4, 32).
Cet épisode que relate le livre des actes des apôtres, concernant la personne de Bar-Naba, en est l’illustration parfaite : « Yosseph – que les envoyés avaient appelés Bar-Naba, en traduction : fils du réconfort, un homme du clan de Lévi, né à Chypre – avait lui aussi un champ. Il le vend, et le dépose aux pieds des envoyés. » (Actes 4, 36-37). Bar-Naba le Lévite se conforma entièrement aux exigences du Pacte Neuf, sans considérer les privilèges "ancien testamentaires" s’attachant à son clan. La mitsva des maaserôt, on ne cessera de le dire, est obsolète et caduque dans le B’rit Hadasha. Cela l’est encore pour tous ceux qui ne sont pas Juifs selon la chair et qui ne vivent et ne cultivent pas sur Eretz Israël.
Beaucoup n’arrivent pas à amorcer dans leur entendement le changement de Tora, le nouveau cap dans l’adoration à Elohîm opéré par l’Adôn Yéshoua. En réalité, la Tora de Moshè n’a été qu’un pédagogue pour nous conduire à l’adhérence au Mashiah Yéshoua, selon qu’il est écrit : « Avant que vienne l’adhérence, nous étions enfermés sous la garde de la Tora, jusqu’à ce que l’adhérence soit découverte. Ainsi, la Tora a été notre pédagogue vers le Messie, pour que, par l’adhérence, nous soyons justifiés. Mais l’adhérence venue, nous ne sommes plus soumis à un pédagogue. Oui, vous êtes tous fils d’Elohîm par l’adhérence au Messie Yéshoua. Oui, aussi nombreux que vous avez été immergés dans le Messie, vous avez revêtu le Messie. » (Galates 3, 23-27).
Ecoutons à ce propos les reproches que fit Shaoul aux Galates qui, bien qu’étant dans le Messie Iéshoua, avaient encore tendance à se justifier par les mitsvôt de la Tora de Moshè :
« Ô Galates insensés! Qui vous a ensorcelés, alors que Iéshoua le messie, a été dépeint d’avance sous vos yeux crucifié ? Je veux apprendre seulement cela de vous : avez-vous reçu le souffle par les œuvres de la Tora, ou par l’écoute de l’adhérence ? Etes-vous ainsi insensés ? Vous avez commencé par le souffle ; maintenant, voulez-vous finir par la chair? » (Galates 3, 1-3).
Mais d’aucuns nous objecteraient : si on ne paie pas de dîmes en Yéshoua, de quoi vivrait alors le serviteur d’Elohîm ? Il est très souvent évoqué face à cette question, ce verset qui dit : « L’enseigné dans la parole doit partager avec l’enseigneur tous ses biens.»(Galates 6, 6). En effet celui qu’on enseigne doit partager ses biens avec celui qui l’enseigne, selon qu’il est écrit : « Il est écrit dans la Tora de Moshè : "Ne muselle pas le bœuf pendant son battage." Se soucie-t-il des bœufs, Elohîm ? Ou bien a-t-il dit cela tout à fait à cause de nous ? Oui, pour nous c’est écrit : le laboureur doit labourer avec espoir, le batteur doit agir avec espoir de prendre sa part. Si nous avons semé en vous ce qui est du souffle, est-ce trop que de moissonner de vous ce qui est de la chair ? » (1Corinthiens 9, 7-11).
Si partager est un problème pour beaucoup de chrétiens, c’est parce qu’ils sont trop influencés par l’individualisme qui régit le monde. Par contre le partage des biens, la mise en commun était ce qui caractérisait les kéhilôt, les premières communautés messianiques. Les membres de la Kéhila primitive de Yeroushalaïm étaient un même cœur, un seul être. Personne ne disait de ses biens : "c’est à moi !" Mais toutes choses étaient communes entre eux. Bref.
Pour autant l’enseigneur n’est pas censé vivre en parasite sur le dos des consacrés (à moins qu’il ne soit invalide, malade ou vieux), tout en prétextant servir Elohîm à plein temps. Si le "parasitage" était digne d’approbation, le Shaliah Shaoul ne nous aurait pas exhortés de la sorte au travail. Jugez-en vous-mêmes :
« Oui, vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter. Nous n'avons pas été sans règle parmi vous, ni mangé comme un cadeau le pain de personne, mais la peine et le combat, œuvrant nuit et jour, pour ne peser sur personne parmi vous. Non que nous n'en ayons le pouvoir, mais pour vous donner en nous-mêmes un exemple à imiter, oui, quand nous étions chez vous, nous vous enjoignions que quelqu'un, s’il refuse de travailler, ne mange pas non plus. » (2Thessaloniciens 3, 7-10).
La dîme ne peut être perçue comme les honoraires du serviteur d’Elohîm ! Mais d’aucuns nous diraient, le Shaliah Shaoul n’avait-il pas lui-même dit : « J’ai dépouillé d’autres communautés en prenant d’elles un salaire pour votre service à vous ! »(2 Corinthiens 11, .
Lorsque le Shaliah Shaoul exigeait un salaire de certaines communautés, c’était juste pour venir en aide à d’autres plus démunies et non pour dépenser pour ses propres désirs. Le service de Shaoul avait revêtu un cachet très particulier. Celui de proclamer gratuitement la Bessora Tova sans rien réclamer en retour :
« Je n’ai convoité, disait-il, l’argent, l’or, ni le vêtement de personne. Vous-mêmes, vous savez que ces mains ont pourvu à mes besoins et aux besoins de ceux qui sont allés avec moi. En tout je vous l’ai fait voir : à nous de soutenir les faibles en peinant ainsi, dans le souvenir des paroles de l’Adôn Iéshoua, qui a lui-même dit: En marche, plutôt donner que recevoir » (Actes 20, 33-35).
Dans cet autre passage de la lettre aux Corinthiens qui suit Shaoul pousse la hardiesse plus loin en disant : « Voici, je suis prêt à venir chez vous pour la troisième fois, mais je ne vous encombrerai pas de ma personne. Ce que je cherche, ce n’est rien de vous, mais vous-mêmes. Les enfants ne doivent pas amasser pour les parents, mais les parents pour les enfants» (2 Corinthiens 12, 14).
NB: Au clair, ce n’est pas aux brebis de paître le berger, mais plutôt au berger de paître et de prendre soin des brebis qu’YHWH-Adonaï lui a confiées.
LES FRERES MESSIANIQUES
|